En solidarité avec la Black Canadian Studies Association (BCSA)
L’Association Canadienne d’Études Africaines (ACÉA) a suivi avec une profonde indignation les événements très déplorables survenus lors du Congrès 2019 de la Fédération des Sciences Humaines tenu à UBC. Le harcèlement et le racisme dont Mr. Shelby McPhee, un membre de la Black Canadian Studies Association a été victime nous rappelle que des actions concrètes visant des changements profonds doivent systématiquement être entreprises, dans le but d’établir une culture universitaire inclusive, ouverte et respectueuse des différences.
La BCSA a demandé à la Fédération des sciences humaines et sociales : 1) de renoncer aux frais du Congrès 2021 pour ses membres étudiants et associatifs ; et 2) de s'engager formellement à organiser un congrès avec une problématique portant sur les Études sur les Noirs dans un avenir proche. Nous pensons que ces demandes étaient raisonnables, compte tenu des préjudices structurels qui affectent les chercheur.e.s noir.e.s d’une part ; et d’autre part, vu l'annulation du Congrès 2020, dont le thème (Faire face au colonialisme et au racisme anti-noir) aurait permis des réflexions beaucoup plus profondes sur le racisme systémique. Nous sommes donc déçus par l'approche réactive plutôt que proactive de la Fédération face à la crise actuelle. L'orientation de la gestion impressionniste de la Fédération dans sa relation avec la BCSA depuis l'incident de 2019 est absolument gênante. Il est devenu clair que l'approche du sapeur-pompier n'est plus acceptable.
En tant qu'association se concentrant explicitement sur l'Afrique, l’ACÉA est organiquement liée à la BCSA, en plus de la solidarité intellectuelle qui nous lie à toutes les autres associations universitaires. L’ACÉA avait déjà décidé de tenir sa conférence annuelle de 2021 à l'Université de Western Ontario, pour des raisons indépendantes de la situation actuelle. Cependant, l’ACÉA est solidaire de la décision des associations qui se sont retirées du congrès de cette année. Nous aurions fait de même.
L’ACÉA soutient la BCSA quant à l'urgence de formuler clairement les questions liées au racisme anti-Noir comme thème du Congrès. En déclarant la période de 2015-2024 comme Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, l'ONU reconnaît « les personnes d'ascendance africaine comme groupe dont les droits humains doivent être promus et protégés ». Une organisation qui prétend représenter les sociétés savantes et les universités devrait avoir une manière d’aborder ces questions qui soit plus qu'une approche timorée ou impressionniste. La Fédération doit en faire beaucoup plus pour réaliser sa propre vision : « construire une société inclusive, démocratique et prospère en favorisant la compréhension des peuples, des cultures, des institutions et des relations sociales ».
L’ACÉA a participé aux congrès précédents et continue de faire partie de la Fédération. Ce faisant, les actions actuelles et futures de la Fédération concernant cette importante question intéressent les membres de l'ACÉA et détermineront la relation de notre association avec la Fédération. Nous sommes toutefois optimistes quant au travail effectué par le Comité consultatif sur l'équité, la diversité, l'inclusion et la décolonisation (EDID). L’ACÉA a hâte de lire le rapport du Comité en avril et de travailler avec la Fédération, la BCSA et les autres associations pour mettre en œuvre diverses activités et programmes qui contribueraient à éradiquer le racisme systémique et l'injustice dans le milieu universitaire.
Solidairement,
Association Canadienne d’Études Africaines (ACÉA)