2011 Congrès annuel de l’Association canadienne des études africaines (ACEA)

 

 

Thème de la conférence 2011

L’Afrique ici, L´Afrique ailleurs

York University, Toronto, Ontario, Canada
5-7 May 2011

L’Association canadienne des études africaines (ACÉA) lance une invitation toute spéciale aux chercheurs et professionnels travaillant sur les différents aspects des études africaines pour sa prochaine conférence annuelle. La conférence qui se tiendra du 5 au 7 mai 2011, à l’Université York, Toronto, Canada, sera accueillie par le Harriet Tubman Institute for Research on the Global Migrations of African Peoples avec l’aide de nombreux programmes et constituantes de l’Université York et d’organisations externes à York. Notre but est de faire se rencontrer les chercheurs, les professionnels et les spécialistes de niveaux international et national, du Sud comme du Nord à différents stages de leur carrière, afin de favoriser, par delà les frontières disciplinaires les débats dans les deux langues officielles du Canada..

En reconnaissance de la proclamation de l’année 2011 comme l’Année internationale des peuples de descendance africaine par l’Assemblée générale des Nations Unies, le thème central de la conférence annuelle de l’Association canadienne des études Africaines (ACÉA) cette année est l’Afrique ici; l’Afrique ailleurs. Les Africains ont longtemps peuplé le continent africain, tout comme d’autres territoires à travers les migrations externes. Au cours de l’ère moderne, le mouvement des peuples africains s’est réalisé dans les trois cadres suivant: commerces en tous genres d’êtres humains, difficultés économiques dues à des facteurs naturels et non-naturels, ainsi que plusieurs types de persécution, notamment politique, ethnique et religieuse. Qu’il soit interne ou externe, le déplacement des peuples africains a conduit à d’extraordinaires complexités à l’intérieur des sociétés d’accueil. Les Africains et les peuples de descendance africaine, qu’ils soient libres, affranchis ou asservis, ont constitué une proportion assez importante de la population d’Évora et de Lisbonne à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle où ils accomplirent la plupart des travaux manuels domestiques en parlant différentes langues d’Afrique occidentale et centrale. Ils ont fourni des personnages et modèles de discours aux travaux de dramaturges de l’époque tel que Gil Vicente. On peut également citer Londres, pour ne pas mentionner d’autres endroits au Royaume-Uni, à partir au moins de l’époque de Shakespeare jusqu’au début du XIXe siècle. Au milieu du XIXe siècle, leur présence et leur influence s’étaient même accrue au Brésil, spécialement dans la ville de Salvador au nord-est, de même qu’à Cuba.

De la même façon, si les Africains et les descendants d’Africains ont tenté de recréer leurs patries, imaginées ou pas, au sein des sociétés d’accueil, comme ce fut le cas des Zanj marons en Irak (869-883 apr. J.-C.), du grand État bantu de Palmarès au Brésil durant le XVIIe siècle, ou plus tard des Igbo au Maryland et en Virginie, en Jamaïque et à la Barbade, le processus aujourd’hui n’est pas moins vrai comme l’illustre l’existence d’un petit Angola à Rio de Janeiro, d’un petit Nigeria à Houston, ou la tentative actuelle d’établissement d’une petite Éthiopie à Toronto. En d’autres termes, l’Afrique a longtemps existé au sein du Vieux Continent aussi bien qu’au-delà. Cette réalité, loin de signifier uniquement une «présence africaine», réfère à des modes inédits de mises en espace et de prises de l’espace qui obéissent à leur tour à la division mondial du travail, à la distribution des ressources et à la production de nouvelles manières d’être ensemble. L’Afrique ici; L’Afrique ailleurs explorera, en anglais et en français, les complexités aux multiples facettes engendrées par ces phénomènes tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Afrique selon une perspective que nous souhaitons pluridisciplinaire.

Par son expertise, ses recherches et la tenue de débats, l’ACÉA contribue à l’émergence d’un large éventail de problématiques africaines touchant, entre autres, les questions socioculturelles et transnationales, les arts, l’économie politique et l’environnement. Depuis sa création en 1970, l’ACÉA a réussi à démontrer que les questions africaines importent pour de larges groupes de publics canadiens et internationaux, tant au sein des universités que parmi les cercles politiques des décideurs et administrateurs. La reconnaissance croissante des contextes africains au sein des pratiques transnationales (de l’action humanitaire au maintien de la paix, des marchés aux mouvements sociaux, des changements climatiques à la sécurité alimentaire, des dynamiques religieuses aux politiques sanitaires et éducatives, des sports à la musique, au théâtre, et au cinéma, des processus de réconciliation, des migrations et diasporas à la fabrique du monde) fait que le continent africain gagne de plus en plus d’importance dans l’attention, l’imaginaire, et les actions des publics canadiens et internationaux.

Dans les quarante dernières années, tout comme plusieurs autres pays du Nord, le Canada a élargi et diversifié ses relations avec l’Afrique. L’immigration africaine au Canada a augmenté non seulement à travers l’immigration régulière de professionnels, mais aussi, et de manière plus importante, de réfugiés fuyant les conflits dans des zones comme l’Ouganda (1972), la Somalie (depuis 1991) et l’Algérie (depuis 1992). Un nombre croissant de Canadiens se sont aussi rendus en Afrique grâce à une expansion des activités humanitaires et de développement international par le biais du gouvernement canadien et des organisations non gouvernementales, des opportunités d’affaires, particulièrement dans le secteur des ressources naturelles, des échanges universitaires et du tourisme. Le travail de solidarité fait par des Canadiens s’est accru durant cette période, depuis le travail de solidarité avec des groupes de libération nationale jusqu’à l’appui des programmes des droits de l’homme; de la défense des droits des femmes ainsi que la gestion des problèmes de santé et d’environnement.

Les gouvernements canadiens successifs ont toujours mis l’Afrique au centre de leurs agendas dans le cadre des institutions internationales telles que le Commonwealth, la Francophonie, les Nations Unies et les sommets du G8. Le Canada a joué un rôle visible durant la lutte anti-apartheid, dans les activités de promotion et de maintien de la paix, et dans son appui pour le NEPAD (le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique) pour ne citer que quelques initiatives. Le nombre croissant de Canadiens nés en Afrique ou d’origine africaine a non seulement joué un rôle important dans les échanges et les liens mais aussi aidé à introduire ou à élargir de nouveaux modes de consommation et de pratiques artistiques au Canada (la nourriture, l’habillement, la musique, le cinéma, la littérature, etc.) et de nouvelles formes de religiosité.  Au même moment, des tensions ont émergé dans les relations canado-africaines comme la restriction des visas pour les visiteurs africains au nom de la sécurité et pour limiter les demandes des refugiés; la réduction du nombre de Canadiens dans le maintien de la paix en Afrique; la récente réduction du nombre de pays africains prioritaires pour l’Agence Canadienne pour le Développement International (ACDI); les protestations à propos des pratiques de travail et l’engagement contre les pratiques de corruption; et le nombre limité d’Africains bénéficiant des investissements directs canadiens en Afrique.

Ces problèmes aident à mettre l’accent sur les principales préoccupations et montrent les raisons qui expliquent l’intérêt croissant porté à l’Afrique par le Canada. Toutefois, au-delà de cet intérêt, cette conférence se veut aussi l’occasion de présenter des travaux sur un vaste ensemble d’autres thèmes d’intérêt en études africaines. À titre d’exemple, L’Afrique ici; L’Afrique ailleurs donnera l’occasion aux participants de débattre des enjeux en lien avec l’Afrique et les diasporas africaines, sur des sujets tels que la traite et l’esclavage, la pandémie de VIH/sida, les conflits actuels, ainsi que des thématiques liées à la vie quotidienne, telles les méthodes d’enseignement, la religiosité et les médias.

L’ACÉA et sa revue Canadian Journal of African Studies / Revue canadienne des études africaines ont depuis toujours constitué des plateformes importantes pour les travaux sur le continent africain. Dans l’objectif de regrouper toutes les recherches sur les questions africaines, cette conférence accueillera ainsi des communications sur un large éventail de sujets de toutes approches disciplinaires ou interdisciplinaires. Reflétant la nature bilingue de l’ACÉA ainsi que l’encouragement des études bilingues a l’Université York, les propositions de communications et d’ateliers en français sont particulièrement les bienvenues. Le thème de la conférence L’Afrique ici; L’Afrique ailleurs vise à poursuivre la tradition de l’ACÉA qui montre bien pourquoi l’Afrique est importante au Canada et ailleurs. Cet appel à contributions vise à fournir un forum pour la présentation et la discussion de recherches académiques et de propositions politiques qui tiennent compte des aspects historiques, des enjeux politiques et des pratiques actuelles reliées aux questions africaines.